Daniel POLACCI, Promenade archéologique dans la Haute vallée de la
Gravona EXTRAITS
Une chapelle pré romane à SAN LUNARDU (St Léonard)commune d'AUCCIANI.
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LA LEGENDE DES TROIS HAMEAUX DISPARUS. Le
premier village d' ucciani existait certainement dès les V° ou VI°
siècles, non loin de l'église actuelle dédiée à Saint-ANTONIN.
Cependant, avec l'insécurité due aux invasions, les habitants,
avaient du se réfugier plus haut dans la montagne et avaient abandonné
leurs maisons pour s'installer, en mars 759, au lieu-dit TASSU. Non
loin de là, les villageois de VERU, ayant eux mêmes quitté leurs
maisons, s'étaient établis à la MARIACCIA en Juin 741 et, un peu
plus haut encore, les gens de TAVACU avaient fondé MELIGROSSI (ces
dates ont été fournies par. le regretté Xavier POGGIOLI et l'archéologie,
aujourd'hui est venue les 'confirmer). La, légende rapporte que ces
trois communautés, distinctes par leur origine mais très voisines
par leur implantation géographique, s'étaient équitablement
entendues pour préserver la paix et se partager le pouvoir :
les seigneurs restaient ceux de TASSU puisque, uccianais d'origine, la
terre leur appartenait ; les curés restaient à la MARIACCIA puisque
les mariacciais, d'origine de VERU, étaient héritiers de la Piévanie
du CELAVU... lis avaient bâti une église, dédiée à Saint Michel,
dont on voit aujourd'hui les ruines dans la châtaigneraie... ils se
secouraient mutuellement contre les attaques extérieures, comme en
930 où l'on comptera 25. morts au TASSU et, en 952, sept morts à la
MARIACCIA. Peu
à peu cependant, les seigneurs de TASSU voulurent accaparer le
pouvoir religieux. lis décidèrent de construire une nouvelle église
plus belle que SAN MICHELI et entreprirent des travaux sur le chemin
de Bastelica... Pour retarder les travaux, les gens de MARIACCIA défaisaient
nuitamment les travaux de la journée si bien que, comme la tapisserie
de ' Pénélope ' les murs ne se terminaient jamais. Les seigneurs
surveillèrent mieux le chantier et finalement la chapelle fut achevée
et solennellement dédiée à SAN LUNARDU. Mais les choses ne s'arrêtèrent pas. là. Les seigneurs de TASSU voulaient l'entière soumission des curés de SAN LUNARDU. Ainsi, ils exigeaient que la messe ne commençât jamais en leur absence... Un jour, alors qu'ils étaient partis chasser, les gens de MELIGROSSI, voulant attiser les rivalités, forcèrent, sous la menace, le curé à dire une messe ; Celui ci s'exécuta ! mais lorsque les seigneurs rentrèrent leur colère fut terrible De dépit, le curé lança alors une malédiction on sur les gens de MELIGROSSI. "Par
mai più, n'inscrisciareti ne multiplicareti" Ce qui veut dire : "Jamais plus votre communauté ne pourra saccroître, en nombre de gens" ........
et
le fait se vérifia puisque les gens de MELIGROSSI, rentrés depuis à
TAVACU, ne purent jamais gonder un village de plus de 121 habitants. Un
beau jour, les hameaux désunis virent arriver de nouveaux envahisseurs
: des corses, venus de la vallée du PRUNEDDI, qui les battirent à
plate couture. A cette époque, l'ensemble des trois hameaux fut
abandonné. Les gens du TASSU se replièrent au hameau de TUSCHINI, ceux
de MELIGROSSI rentrèrent à TAVACU et ceux de MARIACCIA se partagèrent
en deux, une partie rentrant à VERU, une autre se fixant à CRUCULI.
Quant aux envahisseurs qui les avaient dispersés, ils s'étaient fixés
au lieu-dit POGGHJOLU, non loin de l'ancien site d'Aucciani. Progressivement
TUSCHINI et CRUCULI se soudèrent au PUGGHJOLU et la communauté d'AUCCIANI
fut ainsi recréée.
SAN
LUNARDU petit à petit était tombé en ruine, comme les trois hameaux
de la châtaigneraie... |
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2)
LA LEGENDE DU TAUREAU BLANC.
C'est dans des temps encore plus reculés que remonte la Iégende
du Taureau Blanc. Elle se racontait à la veillée il y a quelques années
et certainement les vieux auccianais se la rappellent encore
aujourd'hui. Elle a été transcrite, malgré quelques anachronismes,
par l'écrivain corse Carulu GIOVONI da BOZZI,
dans un article intitulé "Légende druidique de la Vallée de
la Gravona" paru le 2 Juillet 1961 dans le PROVENCAL CORSE. Essayons
de rétablir la légende dans son contexte historique : on pense que
l'histoire que nous allons raconter s'est déroulée à l'époque de la
christianisation de l'Ile, peut être avant même la fondation de Sta BARBARA . à la fin de la domination de Rome... Elle
débute par le retour miraculeux, sur la plage du Ricantu d'AJACCIU,
d'un jeune auccianais, nommé GHJUVANNI, enlevé par des pirates vingt
ans auparavant et emmené en esclavage en Afrique du Nord. GHJUVANNI,
qui a vécu en Afrique, a été en contact avec les chrétiens qui, à
cette époque là, développent leur religion dans les grandes villes de
l'Egypte, notamment à ALEXANDRIE... Ses premières paroles en arrivant
en Corse sont : «E
CRISTU CHI M'A SALVATU» (le
Christ m'a sauvé) et ses compatriotes qui l’accueillent ne
comprennent encore pas très bien qui est «CRISTU». En remerciement,
GHJUVANNI convainc ses concitoyens d'ériger un temple au Christ, son
sauveur. Les anciens, selon la coutume. décident pour trouver un
emplacement au sanctuaire de lâcher un taureau blanc dans le maquis, et
de choisir l'endroit où il s'arrétera. Le taureau libéré galope dans
la montagne et, miracle, il s'arrete dans les ruines d'un temple païen
(préhistorique sans doute ?). Les anciens sont convaincus : il faut bâtir
un nouveau temple pour le Dieu nouveau et abandonner les cultes antiques C'est
ainsi qu'aurait été, selon cette seconde légende, bâtie la chapelle
de SAN LUNARDU et christianisé le CELAVU. Elle diffère de la précédente
et, pour l'instant, elle n'est pas vérifiée par l'archéologie. Il
faudrait pour cela fouiller plus profond pour voir si, sous les murs de
l'église qui existe aujourd'hui, il n'y a pas les fondations d'une église
plus ancienne (du 1110 ou IV° siècle, par exemple) et d'un lieu de
culte préhistorique. Cela, en tout cas, n’est pas impossible du tout
et demande à être étudié. Pour
l'instant, l'archéologie vient confirmer la tradition orale de la légende
n°1, puisque les vestiges mis à jour datent effectivement du IX° siècle
ou du tout début du X° siècle. Le calibrage des pierres de
construction et leur appareillage en font foi et ne laissent pas
subsister de doute. Quelle était l'utilité d'une chapelle en un lieu aussi retiré ? Il est assez difficile de le dire. A t elle servie d'église aux trois hameaux du CANALI NERU comme le voudrai t la légende ? C'est assez peu probable car elle en est assez éloignée et surtout bien pénible d'accès. Par contre, comme elle est placée directement sur le. Chemin d'AUCCIANI à BASTELICA, elle a du vraisemblablement servir de relais, dernière étape, des voyageurs avant le col de la PAZARA qui se trouve non loin de là. Certainement des ermites ont du y résider pour les accueillir et entretenir le sanctuaire (on note la présence de sources dans le voisinage.
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Histoire illustrée de la Corse -
Jean Ange Galletti
Les autres villages du acnton de Bocognano (ancien Celavo) sont Vero, ........ dont UCCIANI, beau pays, riche en bétail, en blé, huile, châtaignes, vin. La famille POGGIOLI,aimée des Bonaparte, et dont
Napoléon 1er se souvient dans son testament, a vu le jour a UCCIANI .
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